Login

LE NÉGOCE À LA UNE Cosset, le négoce qui roule

Les volumes collectés sont passés de 200 000 à 250 000 t en cinq ans, indique le directeur du négoce Cosset, Mickaël Murail.

Dans les Deux-Sèvres, l’entreprise Cosset, rachetée par la Cavac, réalise la majeure partie de son chiffre d’affaires avec le commerce des céréales, principalement en départ ferme. Avec une particularité : près de la moitié des collaborateurs sont des chauffeurs. Le négoce vient de s’agrandir avec le rachat de CGL, dans la Vienne.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

https://www.dailymotion.com/embed/video/x8xnfp4?autoplay=1

Comme beaucoup de villages de France, Benet nous accueille avec un panneau retourné. C’est ici, en Vendée, à la limite des Deux-Sèvres, que le négoce Cosset a établi ses nouveaux quartiers, en location, depuis l’automne 2023. « À Saint-Pompain, nous étions à l’étroit », explique Mickaël Murail, le directeur. Le siège historique à quelques kilomètres, adossé au dépôt, accueille toujours les chauffeurs entre deux tournées, et les magasiniers. « Nous avons énormément gagné en confort de travail à Benet », explique le dirigeant. Un projet parmi d’autres, pour un négoce pourvu d’une actualité déjà particulièrement riche.

En effet, depuis le 1er janvier, le négoce CGL, à Pouant (Vienne), a rejoint Cosset, qui lui-même a été racheté en juillet dernier à la famille Cosset par la Cavac. « Cécile Jalleau-Cosset représentait la quatrième génération d’une famille de négociants », relate Mickaël Murail. Diverses raisons ont poussé à la vente, notamment la croissance importante de l’entreprise, avec un volet réglementaire qui s’alourdissait, et des risques financiers plus importants. D’autre part, Christian Cosset, qui possédait 94 % des parts, avait 75 ans, il fallait donc préparer la suite.

Mickaël Murail, le directeur du négoce Cosset. (© Cedric FAIMALI/GFA)

Appui de la Cavac

Le négoce reste indépendant, avec sa propre stratégie, mais jouit désormais de l’appui de la Cavac. « Le rachat n’a rien changé, sauf qu’on bénéficie de fonctions supports (informatique, RH, réglementation, comptabilité...) avec une expertise de haut niveau. On gagne en confort en conservant notre propre politique commerciale », indique Mickaël Murail. Pour lui, l’accueil a été bon côté agriculteurs. « Nous sommes beaucoup allés sur le terrain pour leur expliquer. Au bout d’un an, ils sont toujours satisfaits. »

C’est dans ce contexte de cession qu’il a pris la direction de l’entreprise, au 1er juillet 2023, après deux ans en tant que responsable collecte. « Je suis entré pour prendre la suite d’Alain Poireau, acheteur chez Cosset pendant une quinzaine d’années. Il avait un réseau important de clients, en particulier dans la Vienne, qu’il m’a transmis comme un père de famille à son fils. » Auparavant, Mickaël Murail était responsable engrais, qualité et logistique chez Hermouet, négoce vendéen où il était entré en 2011, après un début de carrière chez SPS négoce (acquis depuis par Soufflet).

Le soutien de la Cavac a donc permis aussi de racheter CGL, avec qui Cosset entretenait déjà des liens étroits. Depuis l’arrêt de la collecte du premier, c’est le second qui passait dans les fermes des clients. Avec ce rachat, Cosset récupère donc une nouvelle zone de chalandise en appros. CGL, qui porte les initiales de ses fondateurs Céline et Laurent Gallay, réalisait 7 M€ de CA. Les deux entités restent séparées jusqu’au 30 juin, date à partir de laquelle CGL passera sous bannière Cosset. Cinq salariés sont venus rejoindre les équipes, dont trois TC.

80 % de départs ferme

Mais Cosset est avant tout un négoce de grains. 80 % du chiffre d’affaires provient de la commercialisation des céréales, avec une spécificité : il s’agit principalement, pour 80 % des volumes, de départs ferme. Beaucoup de clients sont stockeurs. Les volumes partent en portuaire ou pour des usines d’alimentation animale. « Nous ne faisons pas de meunerie, précise Mickaël Murail. Il faut être équipé, et nous ne le sommes pas. »

Cosset dispose à Saint-Pompain d’un silo de 9 000 t, et à Benet d’un bâtiment de stockage à plat de 50 000 t, et d’un silo de 10 000 t. Ce dernier, en fonctionnement depuis 2022, fait l’objet d’un projet d’extension de deux cellules de 11 000 t, avec une ouverture prévue pour 2025. « À plus long terme, on ambitionne de rajouter 15 000 à 20 000 t supplémentaires », ajoute le directeur. Objectif : gagner en capacité pour accompagner la croissance, avec des volumes collectés passés de 200 000 à 250 000 t en cinq ans, mais aussi de parer à des aléas comme l’engorgement à La Pallice à l’automne dernier.

Cosset dispose aussi de sept plateformes de collecte en propre, ouvertes à la moisson. « La famille Cosset en a fait couvrir six avec des panneaux photovoltaïques, c’est un investissement qui nous a fait gagner en confort de travail », précise Mickaël Murail. L’installation est en prestation : Cosset est hébergeur, et non financeur. L’électricité est vendue par l’entreprise ayant investi dans l’installation. « Cela permet de ne pas se charger en investissement », appuie Mickaël Murail.

Une équipe de 26 chauffeurs

« Notre particularité, c’est que l’on roule beaucoup nous-mêmes, explique Mickaël Murail. C’est un vrai plus, nos chauffeurs ont l’œil pour regarder la qualité des grains. Ils y sont formés. » Et en cas de problème, les céréales sont rapatriées au silo de Benet, où elles passent en « cellule pharmacie ». « On peut ainsi agir avant d’aller au portuaire », ajoute le directeur. La logistique étant internalisée, la gestion des trajets est bien réfléchie, pour éviter les retours à vide. « On peut transporter des engrais, des graviers par exemple », illustre Mickaël Murail. Pour le directeur, avoir sa flotte et disposer de 26 chauffeurs est aussi un atout en matière de satisfaction client. « C’est la marque de Cosset, appuie-t-il. S’il faut passer à 17 h 30 car un agriculteur a besoin de sortir des volumes, on peut le faire. Idem pour les usines d’aliments, elles savent qu’on peut les dépanner. » Pour compléter les trajets de sa flotte, le négoce a recours à 20 à 25 % d’affrètement.

Depuis le début de l’année, Cosset propose à ses clients MyCollect, une application permettant à l’agriculteur de suivre les prix des céréales, en tenant compte de ses spécificités. « L’outil donne un prix en fonction du Matif, de s’il est en départ ferme ou non, de sa localisation… Le prix est mis à jour tous les quarts d’heure », développe Mickaël Murail. S’ils souhaitent vendre, ils peuvent le faire depuis l’application ou appeler le négoce. Un binôme d’acheteurs de céréales composé d’Adrien Pons et Mickaël Clerjaud a d’ailleurs été mis en place pour plus de réactivité.

Côté appros, si le négoce dispose d’un magasin à Saint-Pompain, la stratégie est de livrer les produits aux agriculteurs, que ce soit des engrais, des produits phytosanitaires ou des semences, en grandes cultures et en vigne. Cosset ambitionne d’ailleurs de se développer sur cette dernière culture. Depuis le rachat, le négoce se retrouve sans centrale d’achat, car étant filiale d’une structure ne travaillant pas avec Actura, il ne peut y rester. Pas question non plus de travailler avec celle de la Cavac, pour des questions de différenciation commerciale. Pour les engrais, Cosset est entré mi-avril dans Axso.

Pois chiche, colza érucique…

Depuis un peu moins d’un an, Cosset propose une gamme d’alimentation animale, en partenariat avec VSN Négoce, autre filiale de la Cavac. « La cible pour le moment, ce sont les agriculteurs qui livrent leurs céréales à des usines d’aliments et récupèrent des aliments », explique Mickaël Murail. Quant à CGL, il ne proposait que du petfood en livraison. « Une activité que nous avons conservée, ajoute le dirigeant. La seule que nous ayons abandonnée, c’est la vente de granulés bois, déjà prévue par les anciens dirigeants au vu de la concurrence croissante de la grande distribution notamment. »

Outre l’extension du silo et le développement en vigne, Mickaël Murail a des projets pour mettre en place de nouvelles filières, travail démarré dès 2021. « Partis de rien il y a trois ans, nous sommes désormais à 1 000 ha de pois chiche, 200 ha de maïs pop-corn, 250 ha de lentilles et 150 ha de colza érucique », se félicite le directeur. Le colza érucique est destiné à des applications industrielles : détergents, lubrifiants, solvants, cosmétique… En pratique, Cosset travaille avec un partenaire basé en Haute-Garonne, Id Grain, qui « nous propose des productions que l’on peut faire, et trouve des débouchés », développe Mickaël Murail. Le négoce va, lui, accompagner techniquement les producteurs et stocker les produits. Pour les services aussi, que ce soit les plans de fumure ou les déclarations Pac, Cosset a choisi de s’adjoindre un partenaire, l’Atelier des champs. « C’est important de pouvoir proposer ces offres. »

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement